Venus Dans Le Cloitre

Madame D. L. R. Tr s digne abbesse de Beaulieu Madame, Comme il me serait difficile de ne pas ex cuter ce que vous me t moignez d sirer, je n'ai aucunement d lib r sur la pri re que vous m'avez faite, de r duire au plus t t par crit les doux entretiens o votre communaut a eu si bonne part. Je m'engageai trop solennellement cette galante entreprise, pour vouloir m'en d fendre pr sent, et pour m'excuser de ce travail sur la difficult qu'il y a de rendre la voix et aux actions le beau feu dont elles ont t anim es. Je ne sais si j'aurai bien rempli mes devoirs et vos esp rances; l'exercice de deux ou trois matin es vous en d couvrira la v rit , et vous fera conna tre que si je n'ai pas beaucoup d' loquence, j'ai pour le moins assez de m moire pour rapporter avec fid lit la plus grande partie des choses pass es. Je me suis tellement propos votre satisfaction dans cet ouvrage, que j'ai pass indiff remment sur toutes les raisons qui semblaient devoir m'en loigner; la crainte seule qu'il ne tomb t en d'autres mains que les v tres m'a fait un peu diff rer de vous l'envoyer, et j'en serais moi-m me le porteur, si mes affaires pr sentes me le permettaient, plut t que de confier au hasard de la poste, ou d'un messager, un paquet de cette cons quence.