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Beskrivelse
Extrait I. - LE DERNIER AP TRE DE L'HELL NISME. L'id e qu'on se faisait de la Gr ce, de cette litt rature et de cette contr e c l bre n'a pas toujours t la m me en France, et elle a pass depuis trois si cles par bien des variations et des vicissitudes. Sainte-Beuve. Au lyc e de Nancy, en 1880, M. Auguste Burdeau, notre professeur de philosophie, ouvrit un jour un tout petit livre: - Je vais vous lire quelques fragments d'un des plus rares esprits de ce temps. C' taient les R veries d'un paien mystique. Pages subtiles et fortes, qui convenaient mal pour une lecture haute voix, car il e t fallu s'arr ter et m diter sur chaque ligne. Mais elles conquirent mon me tonn e. Avez-vous fait cette remarque que la clart n'est pas n cessaire pour qu'une oeuvre nous meuve ? Le prestige de l'obscur aupr s des enfants et des simples est certain. Aujourd'hui encore, je d laisse un livre quand il a perdu son myst re et que je tiens dans mes bras la pauvre petite pens e nue. Les difficult s de la th se de M nard, l'harmonie de ses phrases pures et maigres, l'accent grave de Burdeau qui mettait sur nous l'atmosph re des temples, son visage bl me de jeune contrema tre des ateliers intellectuels, tout concourait faire de cette lecture une sc ne th trale. Trente petits provinciaux de Lorraine et d'Alsace n' taient gu re faits pour recevoir avec profit cette haute po sie essentielle, ce triple extrait d'Ath nes, d'Alexandrie et de Paris. Il e t mieux valu qu'un ma tre nous propos t une discipline lorraine, une vue notre mesure de notre destin e entre la France et l'Allemagne. Le polyth isme mystique de M nard tombait parmi nous comme une pluie d' toiles; il ne pouvait que nous communiquer une vaine animation po tique. J'ai horreur des apports du hasard; je voudrais me d velopper en profondeur plut t qu'en tendue; pourtant, je ne me plaindrai pas du coup d'alcool que nous donna, par cette lecture, Burdeau. Depuis vingt ann es, M nard, sans me satisfaire, excite mon esprit.