TEXTES DE JEUNESSE

Ces pages ?crites sans suite, sans ordre, sans style, devront rester ensevelies dans la poussi?re de mon tiroir et si je me hasarde ? les montrer ? un petit nombre d'amis ce sera une marque de confiance dont je dois avant tout leur expliquer la pens?e. Mettre en pr?sence et en contact la saltimbanque laide, m?pris?e, ?dent?e, battue par son mari, la saltimbanque jolie, couronn?e de fleurs, de parfums et d'amour, les r?unir sous le m?me toit, les faire d?chirer par la jalousie jusqu'au d?nouement qui doit ?tre bizarre et amer puis ensuite ayant montr? toutes ces douleurs cach?es, toutes ces plaies fard?es par les faux rires et les costumes de parades, apr?s avoir soulev? le manteau de la prostitution et du mensonge, faire demander au lecteur: ? qui la faute ? La faute ce n'est certes ? aucun des personnages du drame. La faute c'est aux circonstances, aux pr?jug?s, ? la soci?t?, ? la nature qui s'est faite mauvaise m?re. Je demanderai ensuite aux g?n?reux philanthropes qui n'ont d'autres preuves du progr?s intellectuel que les chemins de fer et les ?coles primaires, je leur demanderai ? ces heureux savants s'ils ont lu mon conte quel rem?de ils apporteraient aux maux que je leur ai montr?s. Rien n'est-ce pas ? et s'ils trouvaient le mot ils diraient άυαγχή. La faute, c'est ? cette divinit? sombre et myst?rieuse qui n?e avec l'homme subsiste encore apr?s son n?ant, qui s'aposte ? la face de tous les si?cles et de tous les empires et qui rit dans sa f?rocit? en voyant la philosophie et les hommes se tordre dans leurs sophismes pour nier son existence tandis qu'elle les presse tous dans sa main de fer comme un g?ant qui jongle avec des cr?nes dess?ch?s !