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Beskrivelse
Dans une Turquie repressive, Rosa choisit la liberteDerriere elle Tante Rosa a laisse une lettre, elle a laisse trois gamins, dont l'un encore au sein, elle a laisse la bonne a qui elle avait appris a preparer oies roties et gateaux aux pommes, a amidonner les nappes pour les repas et a ranger les armoires. Elle a laisse le petit jardin seme de marguerites, la maison a l'escalier de bois, haute de plafond, avec le reveille-matin, elle a laisse l'epoux qui allait tous les dimanches matin a l'eglise et lui sautait dessus tous les dimanches apres-midi, elle a laisse les voisines chapeautees et leurs gamins morveux, elle a laisse leurs epoux et leurs vies elles aussi remplies d'oies roties, elle a laisse l'eglise, elle a laisse les tintements de cloches, les flots de l'orgue, les chants de Noel, elle a laisse son sein gauche comblant le carreau brise par la boule de neige d'un gamin au retour de l'eglise, son sein gauche qui recouvrait son cA ur d'une couche de graisse. Elle est partie.Plus que le recit d'une vie, une ode au feminisme et a la liberte.EXTRAITA l'ecole des bonnes sA urs, Tante Rosa a appris que son corps etait quelque chose de mauvais. Il etait interdit de se devetir pour se laver. On faisait sa toilette avec sa chemise. Un jour, comme elle courait encore, la fillette est tombee. Les sA urs ne l'ont pas autorisee a retirer son bas noir, meme pour panser sa blessure qui a fini par s'enflammer. Schwester Maria a dit a Rosa que Dieu l'avait punie et qu'Il n'avait pas gueri sa blessure car elle ne savait pas oublier son corps, se consacrer a Dieu et reprimer ses desirs. Elle a pleure, Rosa ; elle a pense que le beau Jesus aux yeux bleus ne pouvait pas etre le fils d'un Dieu aussi rancunier, et dans ses prieres elle a demande a la Vierge Marie qui etait vraiment le pere de Jesus. Elle lui a demande qui etait le veritable roi.CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE- Ce n'est a priori pas le plus subversif des livres de Sevgi Soysal, il n'a pas ete censure contrairement a d'autres, mais le publier maintenant est une bonne idee, je ne suis pas sur que dans certains pays il ne serait pas interdit, cinquante ans apres sa premiere parution. Il prone la liberte de la femme et sa totale independance vis-a-vis des hommes, themes encore tabous voire blasphematoires pour certains. Yves Mabon, Les Huit PlumesA PROPOS DE L'AUTEURSevgi Soysal est nee a Istanbul en 1936. Apres des etudes d'archeologie et de theatre, elle travaille au centre culturel allemand et a la radio tout en commencant a publier dans des revues des textes inspires par le courant du nouveau realisme. Elle joue au theatre et publie son premier recueil de nouvelles en 1962. En 1965, elle devient responsable de programmation a la radio-television turque (TRT). La publication de Tante Rosa (1968) et de Yurumek (Marcher, 1970), lui valent la consecration litteraire mais aussi la surveillance des autorites, qui ne voient pas forcement d'un bon A il cet auteur qui aborde d'un point de vue ouvertement feministe les relations hommes-femmes et l'institution du mariage. L'un de ses livres est meme interdit pour indecence et Sevgi Soysal fera plusieurs sejours en prison. Apres avoir ete mariee trois fois, elle meurt d'un cancer a l'age de quarante ans, en 1976 a Istanbul. Depuis sa disparition, son A uvre fait l'objet de nombreuses recherches universitaires et de nombreuses reeditions et traductions en Turquie et dans le monde. Tante Rosa a fait aussi l'objet d'une adaptation cinematographique sous le titre Tante Rosa, je t'aime en 1992 par IsA l Ozgenturk.