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Beskrivelse
Dans le Sarajevo déboussolé d’après-siège, un avocat s’occupe d’une peintre locale expatriée à Paris durant la guerre, qui voudrait à la fois récupérer son appartement et publier des souvenirs qu’une soif inextinguible de liberté a rendus sulfureux. Celle-ci, de retour dans sa ville, tombe passionnément amoureuse d’un “Jeune homme” qui lui rappelle le “Portrait de Baldassare Castiglione” de Raphaël, un tableau qui l’a fascinée toute sa vie. Dans sa ville natale qu’elle ne reconnaît plus, “où les habitants ne se différencient plus qu’entre mafieux et non mafieux”, elle découvre à travers cette liaison tourmentée la montée du fanatisme religieux, tout en prenant conscience de la vie oisive que mène une certaine classe mondaine dans sa cité d’adoption. Tandis que l’on commémore le vingtième anniversaire du siège de Sarajevo et que se déroulent à La Haye les procès de Ratko Mladic et de Radovan Karadžic, qu’est devenue la ville qui a subi durant près de quatre ans « un siège moyenâgeux mené avec les armes contemporaines » ? Il est surprenant de constater que les écrivains de Bosnie-Herzégovine, du moins ceux qui sont présentés aux lecteurs francophones, s’évadent le plus souvent dans le passé fascinant de la ville ou les souvenirs de guerre.
Il y a pourtant tellement à dire sur les mutations des mentalités dans la cité où ont si longtemps coexisté en syncrétisme trois religions et trois nationalités, sur les collusions politico-mafieuses et la corruption rampante, sur le chômage dramatique et la stagnation économique, sur l’inefficacité d’un monde politique dominé par des nationalismes antagonistes, sur les tentatives de mainmise de quelques fanatiques religieux, notamment wahabites, sur un islam jusqu’ici moderne et ouvert, mais aussi l’espoir d’un renouveau touristique et l’efflorescence artistique… C’est pourquoi « Portrait de Balthazar », outre ses qualités littéraires, est un ouvrage essentiel.