Pavane

A l' ge de quinze ans j'ai voulu devenir m decin . Mais assur ment je n'ai pas choisi d' tre confront e leur mort, je d sirais seulement les soigner et leur rendre le sourire. Pourquoi alors, ai-je quitt la la s curit d'un ancrage en France pour lutter avec les enfants d'Afrique d cim s par la malnutrition, la rougeole, le paludisme et, pour combler la mesure, atteints par le sida. En 2008, une visite au m morial des enfants de Yad Vachem en Isra l provoque en moi un tel choc que je me mets en marche pour comprendre ce qui m'a mise sur des rails o je ne n'ai cess de me sentir impuissante, voire responsable de la mort d' tres si jeunes. Avec l'aide d'un psychanalyste, j'interroge d'abord les circonstances de ma naissance en 1942, ann e de la Rafle du Vel d'HIV, puis les nombreux deuils familiaux qui ont maill ma jeunesse et mon ge m r. Je cherche aussi la signification de r ves r p titifs de noyade, mettant en sc ne une fillette inconnue, sans pouvoir les rattacher des souvenirs pr cis. Dans l'impasse o je semble m'enliser, je m'arr te un instant pour "jouer au jeu du contentement": retrouver les l ments et les personnes qui m'ont aid e faire face au tragique de mon existence. J' voque aussi mes interrogations existentielles sur la mort, ayant bouscul les fondements de ma foi chr tienne, de tradition protestante. Myst rieusement, des portes vont s'ouvrir, des rencontres fortuites vont venir clairer les zones enfouies de mon histoire. La premi re r v le la pr sence mes c t s, les premiers mois de ma vie, d'une enfant accueillie dans notre famille, dont le destin dramatique quelques ann es plus tard explique la trame de ce r ve r current. Puis, une deuxi me porte s'ouvre sur des hypoth ses qui me feraient rejouer encore et encore des situations d'attachement suivies d'un deuil brutal. Elles seraient l' cho d'un abandon subi par l'une de mes grands m res l' ge de 18 mois et de la perte tr s pr coce d'une jumelle ignor e. La qu te aboutit