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Beskrivelse
English summary: Medieval texts illustrate the popularity of the pilgrimage, the draw of holy places on the Christian masses. After Jerusalem and Rome, Santiago de Compostela emerged as an essential destination for medieval pilgrims seeking absolution and peace for their travel and penitence. The wealth of work done on Compostela in recent years allows us to trace the daily experiences of the men and women who followed the path to the end of Europe. French description: Le pelerinage a Compostelle, un moment-cle de la vie quotidienne au Moyen Age "Le diable est alle mille fois a Compostelle" assuraient a leurs ouailles les predicateurs parisiens du XIIIe siecle, inquiets de constater la multiplication des departs de leurs paroissiens, et desireux de les detourner de leur intention en leur montrant qu'ils pouvaient faire leur salut en restant chez eux. Mais ces mises en garde eurent peu d'effet. Depuis l'annonce, au milieu du IXe siecle, de la decouverte du tombeau de l'apotre Jacques le Majeur au "bout de la terre," dans le finis terrae de l'ancienne Gallaecia romaine, les pelerins prenaient la route qui les menaient a Compostelle. Les textes ecrits et diffuses depuis le siege apostolique d'Espagne au XIIe siecle contribuerent a eriger le sanctuaire au niveau de ceux de Jerusalem et de Rome. Les trois pelerinages majeurs de la Chretiente occidentale permettaient ainsi aux pelerins de retourner aux sources du christianisme en Terre Sainte, Jerusalem etant identifiee a saint Jean l'Evangeliste et a la charite, de visiter le siege de l'Eglise militante a Rome, identifiee a saint Pierre donc a la foi, et d'aller vers le futur a Compostelle, saint Jacques personnifiant l'esperance. Les auteurs des documents medievaux ne se souciaient pas de denombrer de facon exacte et mathematique leurs contemporains; ils preferaient mentionner les "foules nombreuses" ou les "milliers de combattants," et transmettre ainsi l'impression, la sensation, plus que la realite chiffree. Mais meme en tenant compte de l'hyperbole qui accompagne souvent les descriptions, il est indeniable que des milliers et des milliers d'hommes et de femmes prirent au Moyen Age la route vers l'un des trois sanctuaires ou les trois, une fois ou plusieurs fois dans leur vie, et que ce voyage devint parfois une coutume familiale. Il faut donc voir dans le pelerinage l'une des realites quotidiennes de ceux qui vecurent en Occident au Moyen Age. Les trois pelerinages ne sont cependant pas semblables. Le voyage en Terre Sainte demandait un lourd investissement en temps et en argent, ainsi qu'une prise en charge, a Venise d'abord, puis sur place, par les franciscains a partir du XIIIe siecle, dans la mesure ou les lieux saints etaient en territoire musulman et soigneusement controles; de plus, le voyage en Terre Sainte n'avait pas toujours ete pacifique, et l'espoir de recuperer ces lieux pour l'Eglise chretienne grace a une croisade resta fermement ancre dans l'esprit des Occidentaux jusqu'aux debuts de l'epoque Moderne. Le voyage a Rome etait un pelerinage aux lieux du martyre de nombreux saints, notamment des saints Pierre et Paul, et de tous ceux dont les reliques etaient vendues sur place a bon prix, mais Rome etait aussi le siege de la papaute et bien des sejours avaient pour but l'obtention d'une faveur, d'un privilege, d'une nomination ou d'une confirmation pontificales. Rien de tout cela n'existait a Compostelle ou le pelerin se rendait a son gre, au moment et suivant le chemin qu'il desirait, et n'etait attendu au terme de son voyage que par saint Jacques, l'apotre de l'esperance. Depuis quelques decennies les etudes se sont multipliees sur le pelerinage a Compostelle, faisant suite a celles qui avaient occupe pendant des decennies les specialistes de la Terre Sainte. Il est ainsi possible de tracer les experiences quotidiennes de ceux qui, riches ou pauvres, femmes ou hommes, membres du clerge ou condamnes par la justice, prirent un jour la route vers le finistere de l'Europe ou reposait saint Jacques. Docteur es-Lettres de la Sorbonne, Directeur de Recherches au C.N.R.S., auteur d'une Histoire medievale de la Peninsule iberique (Seuil, 1993) Adeline Rucquoi dirige, au Centre de Recherches Historiques, a l'EHESS de Paris, un seminaire sur l'histoire culturelle de la Peninsule iberique medievale. Elle a egalement publie L'Espagne medievale dans la collection des Guides Belles Lettres des Civilisations ainsi que, dans la collection Realia, Aimer dans l'Espagne medievale (2008).