Marguerite de Valois

" Aux jours de son printemps, quelle est la femme qui n'a pas ressenti un besoin imp rieux d'aimer ? Le premier homme sur lequel ses regards de jeune fille se sont arr t s laissera toujours dans son coeur une image ador e. L' ge et les d ceptions auraient-ils blanchi ses cheveux, elle y reviendra plus d'une fois par la pens e: c'est que, dans ce souvenir, elle respirera le parfum de sa jeunesse, c'est qu'elle ressaisira, ne f t-ce que pour une heure, l'id al de ses illusions vanouies; et ce sera l'unique bonheur de ses derni res ann es ici-bas. Celui qu'une femme n'oublie jamais, pour Marguerite de Valois, ce fut Henri de Guise, le grand Henri de Guise le Balafr . Tallemant des R aux nous dit bien qu'elle portait dans la vaste poche de son vertugadin le coeur embaum de l'un de ses amans; ce n'est pas l de l'amour, mais une de ces superstitions dont l' poque tait coutumi re; et nous ne lui connaissons d'attachement s rieux que celui qu'elle eut pour le duc de Guise. Nous en appellerons au t moignage le moins suspect, celui de Dupleix, rest si longtemps ses gages, et qui, cependant, dans son Histoire de Henri IV, ne l' pargne gu re: Elle avait log si avant toutes les affections de son coeur en ce prince, qui avait des qualit s si attrayantes, qu'elle n'aima jamais le roi de Navarre. Plus tard elle-m me en fera le triste aveu: J'ai re u du mariage tout le mal que j'ai jamais eu, et je le tiens pour le seul fl au de ma vie. Que l'on ne me dise pas que les mariages se font au ciel; les cieux ne commirent pas une si grande injustice. ..."