LES DERNIERS HOMMES ROUGES

La plaine immense s'?tendait, bord?e au nord, au sud et ? l'ouest par un rideau de verdure. Nulle route n'y pouvait guider les pas des voyageurs, car on ne pouvait donner le nom de route ? l'esp?ce de sentier trac? ? travers la prairie par les pieds des hommes et les sabots des chevaux. Au-dessus des t?tes, le ciel d'un bleu intense gardait le rayonnement des derniers beaux jours de l'?t?. Sur la parure encore intacte des arbres de l'ann?e vieillissante mettait des taches d'ocre et de safran. Les approches de l'automne se laissaient deviner. Deux cavaliers suivaient au pas le sentier. Leurs montures auraient, en tout pays, attir? l'attention des connaisseurs. C'?taient d'admirables b?tes au poil fin, l'un gris pommel?, l'autre alezan, aux t?tes d'une puret? de lignes rappelant le cheval arabe, auquel les deux superbes animaux ne le c?daient ni en vigueur, ni en ?l?gance. Les deux cavaliers ?taient plus remarquables encore que leurs montures. L'un d'eux ?tait un jeune homme de vingt-quatre ? vingt-cinq ans, aux traits d'une distinction souveraine, aux cheveux et ? la moustache blonds, aux yeux bleus largement fendus. Son corps avait les proportions harmonieuses et puissantes que la l?gende se pla?t ? accorder aux paladins. - L'autre, d'une stature ?gale, ?tait presque un vieillard. Il formait un ?trange contraste avec son jeune compagnon, par la diff?rence de la race et du type.