Le Procès de sorcellerie du maréchal de Luxembourg

" Dans la soir?e du mercredi 24 janvier 1680, une nouvelle extraordinaire ?clatait brusquement ? Paris et ? Saint- Germain, plongeant dans la stupeur bourgeois et gens de Cour. Le mar?chal de Luxembourg, le vainqueur de Woerden, de Valenciennes, de Saint-Denis, l'une des gloires de la France, le premier de ses capitaines depuis la mort de Turenne et la retraite du grand Cond?, venait d'entrer ? la Bastille, inculp? d'actes infamans, menac?, disait-on, de la peine capitale. Rien ne pr?parait les esprits ? cette chute foudroyante. La veille encore, le mar?chal, capitaine des gardes du corps, exer?ait tranquillement sa charge aupr?s du Roi, qui lui faisait bonne mine, ainsi qu'? l'ordinaire. Un ?change de cadeaux avait m?me, ce jour-l?, attest? leur parfait accord: le duc ayant c?d? ? Louis XIV un magnifique cheval de guerre, le souverain avait ripost? par le don d'une ?p?e de prix. ? cette heure-l? pourtant, l'ordre d'arrestation avait d?j? re?u la signature royale. Luxembourg, disons-le, n'?tait pas seul en cause; d'autres, - d'un rang ?gal, bien que de moindre illustration, - ?taient impliqu?s dans l'affaire, et leurs noms, le lendemain, couraient de bouche en bouche. Sur ces derniers toutefois ne se referma pas la porte redoutable de la vieille forteresse: les uns, comme on verra, se mirent ? l'abri par la fuite; les autres, plus nombreux, furent soumis ? une simple enqu?te que ne suivit aucun effet. Seul, en toute cette classe d'accus?s, le proc?s fait ? Luxembourg eut un cours r?gulier, fut instruit dans les formes et pouss? jusqu'au terme; plus que tout autre donc, il peut donner mati?re ? une ?tude approfondie."