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Beskrivelse
Extrait chapitre I Nointel tait un gar on m thodique. La vie militaire l'avait accoutum faire chaque chose son heure, et ne rien enchev trer. Au r giment, apr s le pansage et la manoeuvre, le capitaine redevenait homme du monde et m me homme succ s, car dans plus d'une ville de garnison il avait laiss d'imp rissables souvenirs, et on y parlait encore de ses bonnes fortunes. Depuis sa sortie du service, il avait continu pratiquer le m me syst me, en faisant toutefois une plus large part l'impr vu, qui joue un si grand r le dans l'existence parisienne. Son temps tait r gl comme s'il e t t surcharg d'affaires. Il en consacrait bien les trois quarts la fl nerie intelligente, celle qui consiste se tenir au courant de tout, sans remplir une t che d termin e; le reste appartenait aux devoirs sociaux, aux relations amicales, et m me des liaisons plus ou moins dangereuses, mais passag res. Il n'avait pas renonc voyager au pays de Tendre, seulement il ne s'y attardait gu re et il en revenait toujours. L'aventure de Gaston Darcy tait survenue dans un moment o son coeur se trouvait en cong de semestre. Il avait saisi avec joie l'occasion d'occuper son d soeuvrement et de venir en aide au plus cher de ses amis. Depuis quarante-huit heures, il appartenait tout entier la d fense de Berthe Lest rel; il s'y tait d vou corps et me, il menait les recherches avec le m me z le et le m me soin qu'il aurait dirig une op ration de guerre, il avait pris go t au m tier, et la campagne s'annon ait bien. Le bouton de manchette trouv par la Major , les r cits de Mariette et les confidences de M. Crozon: autant de positions prises dont il s'agissait de tirer parti contre l'ennemi. L'ennemi, c' tait la marquise de Barancos, un ennemi qu'il y avait plaisir combattre, car il tait de force se d fendre, et Nointel se faisait une f te de lutter de ruse et d'adresse avec ce s duisant adversaire, de le r duire par des manoeuvres savantes, et finalement de le vaincre. Ses batteries taient pr tes, et il ne demandait qu' commencer le feu. Mais il pouvait disposer de quelques heures avant d'engager l'action, et il entendait les employer sa fantaisie. Or, il avait l'habitude d'aller, entre son d jeuner et son d ner, fumer quelques cigares au billard du cercle. Il aimait y jouer et presque autant y voir jouer, car son esprit d'observation trouvait s'exercer en tudiant les types curieux et vari s qui venaient l de quatre six cultiver le carambolage. Il jugea qu'apr s avoir consacr un bon tiers de sa journ e servir la cause de l'innocence et de l'amiti , il avait bien gagn le droit de s'offrir sa r cr ation favorite. La marquise ne recevait qu' cinq heures, et il n'avait pas besoin de rentrer chez lui pour s'habiller, son groom ayant ordre de lui apporter au cercle une toilette mieux appropri e une visite d'avant-d ner que la tenue d'enterrement qu'il portait depuis le matin. Du reste, il n'esp rait pas revoir le baleinier ce jour-l , car le correspondant anonyme qui troublait depuis trois mois le repos du malheureux marin lui faisait l'effet de ne pas tre tr s s r de ce qu'il avan ait, et il doutait que ce correspondant en v nt si vite nommer l'amant de madame Crozon.