Le Batard de Mauleon II

O l'on verra que messire Duguesclin tait non moins bon arithm ticien que grand g n ral. Pendant que le prince Henri de Transtamare et son compagnon Ag nor se dirigeaient vers Bordeaux, o les attendaient les v nements que nous venons de raconter, Duguesclin, muni des pleins pouvoirs du roi Charles V, avait r uni les principaux chefs des compagnies, et leur expliquait son plan de campagne. Il y avait plus de tactique et d'art militaire qu'on ne pense dans ces hommes de proie, assujettis comme les oiseaux rapaces, leurs semblables, ou comme les loups leurs fr res, ces pratiques journali res de vigilance, d'industrie et de r solution, qui donnent la sup riorit aux gens vulgaires et le g nie aux hommes sup rieurs. Ils comprirent donc admirablement les dispositions g n rales que le h ros breton leur soumit, et qui formaient cet ensemble d'op rations qu'on peut toujours arr ter d'avance, et d'o ressortent ces op rations particuli res que commandent les circonstances. Mais tout ce belliqueux projet, ils object rent un seul argument auquel il n'y avait point de r plique: De l'argent. Il est juste de dire qu'il y eut unanimit dans l'objection et que l'argument fut lanc d'une seule voix.