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Beskrivelse
" ...Un atome, une tincelle, voil en effet le g nie de Sterne. Tout chez lui est l' tat microscopique, petits personnages, petits caract res, petite philosophie, petites m thodes. Et les motions qu'il fait na tre sont du m me ordre que ses peintures et ses r cits; son petit monde de figurines r veille en nous tout un petit peuple de sentiments microscopiques. Mon Dieu comme ses acteurs sont exigus Serait-ce cependant parce qu'il leur faut peu de place qu'ils se logent si bien dans la m moire ? Toujours est-il qu'une fois qu'ils y ont p n tr , ils n'en sortent plus, et que l'oncle Toby, M. Shandy, le caporal Trim, le docteur Slop, l' ne de Lyon et celui de Nampont, restent dans le souvenir aussi obstin ment que les h ros les plus renomm s du drame et du roman. Il n'est pas en son pouvoir d'ouvrir en vous le r servoir des larmes et de les faire couler flots: tout ce qu'il peut faire, c'est d'en amener au bord de vos paupi res une ou deux qu'il va chercher, on ne sait comment, dans de petits lacs int rieurs que lui seul conna t; mais ces quelques larmes sont de vraies larmes, telles que le g nie seul sait en attirer dans les yeux nobles, et non cette ros e banale que les productions de la sentimentalit font jaillir des yeux du vulgaire. Il n'a pas davantage la force de frapper de grands coups: il se contente de vous pincer finement comme pourrait le faire une main d'enfant; mais, chose curieuse, la douleur de cette meurtrissure persiste avec une obstination singuli re qui rappelle ces blessures imperceptibles et tenaces que font, au dire des savants en d monologie, les f es et les lutins ceux dont ils veulent tirer vengeance..."