L'ami du village

Un voyageur, que le train venait de laisser ? la station voisine, gravissait ? pied la c?te du sommet de laquelle on d?couvre tout ? coup la vall?e, le village. Il n'avait gu?re plus de vingt ans. Il n'?tait ni grand ni petit, ni beau ni laid. Rien d'un h?ros de roman. Mais sa physionomie plaisait par une expression de droiture, de franchise, de bonne humeur et de vraie jeunesse. Sur son front, largement d?couvert on devinait l'intelligence; dans ses yeux vifs et doux, la tendresse et la volont?. Bien que son costume f?t des plus modestes, et toute sa personne ? l'avenant, il semblait heureux de vivre et de cheminer ainsi, d'un pas leste et fier, au printemps de l'ann?e, au printemps de la vie. Le grand air qui fouettait ses cheveux bruns, les parfums de la campagne, l'aspect de la libre nature, tout l'enchantait, l'enivrait. Arriv? sur le plateau, il fit halte, et contempla l'immense horizon qui se d?roulait devant lui. Au fond de la vall?e serpente une large rivi?re. Des peupliers, des saules s'alignent ou se groupent harmonieusement sur les ?lots, sur les rives. Le village ?parpille au bord de l'eau ses jardins et ses chaumi?res. ? droite, ce sont de vastes prairies; avril les avait ?maill?es de p?querettes. ? gauche, sur les coteaux, des cultures, des vignobles, des bouquets de bois. Vers les hauteurs, la lisi?re d'une grande for?t se perd dans les nues.