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Beskrivelse
Dans le froid glacial de l'hiver 1954, le cadavre de Vivien Malet est decouvert sur le marche de Rouen, transperce par un pic a bA uf. Alors que l'inspecteur Pequeri, frais emoulu de l'ecole de police, enquete sur l'etrange fiancee du defunt, le commissaire Kleber se concentre sur le clan Malet. Une famille au passe obscur, avec a sa tete le pere de la victime. Un patriarche au temperament feroce qui affirme que son fils etait dement. Mais dans ce royaume des fous, le policier devra determiner qui est le roi.EXTRAITDe froids rayons traversaient la verriere de la halle. Un carillon sonnait 13 heures, aussitot imite par tous les clochers de la ville. La place etait balayee par un vent glacial, accompagne d'une brume blanche qui donnait aux arbres nus un aspect metallique. La fonte des poutrelles craquait furieusement tant le froid s'acharnait sur la sombre carcasse du batiment. Tous les marchands s'activaient a remballer, leurs corps confines dans de lourds manteaux de laine ou de peau, leurs tetes raidies sous d'epais foulards, ils s'empressaient de finir leurs corvees. Les camions rugissaient devant les portes. Dehors, les sabots des bA ufs derapaient sur les paves givres, de rudes garcons se donnaient un mal de chien a les hisser dans les betailleres. Tout le monde s'affairait les bras charges de tout ce qui pouvait s'avaler, vidant les tripes de ce ventre glace que l'on s'empresserait d'emplir des le lendemain.Certains se requinquaient avec une rasade de goutte, d'autres gueulaient apres les trainards qui encombraient encore les allees. Des clochards proposaient leurs restes de forces pour porter les derniers colis. On les paierait avec un bout de pate et un coup de violace. Comme a son habitude, Roger Duquesne, cache derriere ses cageots, comptait la recette de la matinee. Celle-ci n'etait jamais assez bonne a son gout, malgre la boursouflure qu'infligeaient les billets a son large portefeuille. Un sourire d'aise lui echappa en fourrant le fruit de son labeur dans la poche interieure de sa gabardine. Il s'etonna de l'absence de son commis qu'il n'avait pas revu depuis l'incident de la matinee. Vivien avait apporte toutes les caisses, mais ne l'avait pas rejoint au bistrot comme convenu. Duquesne songea que le jeune ivrogne devait cuver quelque part, certainement au fond du camion, comme cela lui arrivait frequemment. Il allait s'en assurer et le reveillerait si besoin pour qu'il charge le restant de marchandises. Ainsi il repartirait au volant sans avoir le dos brise car, avec l'age, ses vertebres devenaient sensibles a l'usage. Il souleva la bache, devina la silhouette massive de Vivien dans le fond du bahut, et l'appela plusieurs fois avant de grimper pour le faire deguerpir. Il alluma son briquet et eut un mouvement de recul lorsque la flamme eclaira une coulee de sang sur la nuque du colosse.A PROPOS DE L'AUTEURRouennais, ne dans la seconde moitie des annees 60, Gilles Delabie a toujours ete entoure de livres. Son pere, relieur, lui a permis de pouvoir les cotoyer au quotidien. Peut-etre est-ce pour cela qu'il s'est tourne vers l'ecriture.Tour a tour batteur puis guitariste dans un groupe de rock, il decide de se consacrer aux autres et devient educateur dans le secteur medico-social.Depuis douze ans, il sillonne les routes de Normandie et de Somme au sein d'une association d'insertion et d'aide aux polytoxicomanes. Il connait bien sa region, et ses rencontres avec ses habitants lui permettent d'apporter une belle epaisseur a ses personnages.