La Fète

...Elle n'avait cependant rien de farouche ni de satanique cette petite S raphita qui, avec des phrases d'exaltation, des r ticences myst rieuses d'initi e, nous racontait de si tranges choses en une de ces fins de d ner qui se prolongent dans la fum e des cigares. Avec l'envolement de ses bouclettes de soie blonde qui mettaient autour de sa figure de gamine comme une aur ole de lumi re, son nez malicieux, ses joues velout es qui se coloraient de brusques rougeurs, ses l vres qu'entr'ouvraient des rires de joie et de moquerie, elle semblait peine f minis e, une enfant plus grande qu'on ne l'est son ge et qui n'a pas meurtri son coeur ing nu au contact de la vie, effeuill au vent ses supr mes illusions. Seuls, les yeux aux luisances changeantes de pierre pr cieuse - d'un bleu attirant d'ab me et aussi d'un bleu implacable de ciel d' t - les prunelles qui s'illuminaient, qui se m tallisaient, s'impr gnaient de cruaut s, de t n breuses chim res, de perverses souvenances, d celaient quelque d traquement, quelque complication anormale dans les rouages de cette me simple, charmante de pu rile pensionnaire dont la chair virginale sommeille encore impollu e. ...Nous avions d'abord souri comme d'un interm de amusant - tandis qu'elle appuyait de toute une mimique heurt e et violente ses th ories sur l'Amour, qu'elle y ajoutait la saveur d'un accent guttural, la fois tra nant, rude et c lin de nomade n e sous la tente, qu'elle s' nervait, s'interrompait tout coup les sourcils fronc s, les dents crissantes en la bouche que crispe une moue querelleuse. Et voici que chacun s'accoudait sur la nappe o courait une d bandade de petits verres poisseux, de bouteilles, l' coutait en un trouble instinctif, s'int ressait ces d pravations ignor es dont elle se faisait l'ap tre, des mirages d'Eden, de terre promise dans son regard fixe, des s ductions dans ses longues mains blanches, souples, imp rieuses de sacrificatrice... Les batteuses d'hommes, Extrait. Texte int gral. galement disponible au format num rique.