La comédie humaine

" En 1479, le jour de la Toussaint, au moment o? cette histoire commen?a, les v?pres finissaient ? la cath?drale de Tours. L'archev?que H?lie de Bourdeilles se levait de son si?ge pour donner lui-m?me la b?n?diction aux fid?les. Le sermon avait dur? longtemps, la nuit ?tait venue pendant l'office, et l'obscurit? la plus profonde r?gnait dans certaines parties de cette belle ?glise dont les deux tours n'?taient pas encore achev?es. Cependant bon nombre de cierges br?laient en l'honneur des saints sur les porte-cires triangulaires destin?s ? recevoir ces pieuses offrandes dont le m?rite ou la signification n'ont jamais ?t? suffisamment expliqu?s. Les luminaires de chaque autel et tous les cand?labres du choeur ?taient allum?s. In?galement sem?es ? travers la for?t de piliers et d'arcades qui soutient les trois nefs de la cath?drale, ces masses de lumi?re ?clairaient ? peine l'immense vaisseau, car en projetant les fortes ombres des colonnes ? travers les galeries de l'?difice, elles y produisaient mille fantaisies que rehaussaient encore les t?n?bres dans lesquelles ?taient ensevelis les cintres, les voussures et les chapelles lat?rales, d?j? si sombres en plein jour. La foule offrait des effets non moins pittoresques. Certaines figures se dessinaient si vaguement dans le clair-obscur, qu'on pouvait les prendre pour des fant?mes; tandis que plusieurs autres, frapp?es par des lueurs ?parses, attiraient l'attention comme les t?tes principales d'un tableau. Les statues semblaient anim?es, et les hommes paraissaient p?trifi?s. ?? et l?, des yeux brillaient dans le creux des piliers, la pierre jetait des regards, les marbres parlaient, les vo?tes r?p?taient des soupirs, l'?difice entier ?tait dou? de vie. L'existence des peuples n'a pas de sc?nes plus solennelles ni de moments plus majestueux. ..."