La comédie humaine : Un prince de la bohème

" ― Mon cher ami, dit madame de la Baudraye en tirant un manuscrit de dessous l'oreiller de sa causeuse, me pardonnerez-vous, dans la d?tresse o? nous sommes, d'avoir fait une nouvelle de ce que vous nous avez dit, il y a quelques jours. ― Tout est de bonne prise dans le temps o? nous sommes; n'avez-vous pas vu des auteurs qui, faute d'inventions, servent leurs propres coeurs et souvent celui de leurs ma?tresses au public ! On en viendra, ma ch?re, ? chercher des aventures moins pour le plaisir d'en ?tre les h?ros, que pour les raconter. ― Enfin la marquise de Rochefide et vous vous aurez pay? notre loyer, et je ne crois pas, ? la mani?re dont vont ici les choses, que je vous paye jamais le v?tre. ― Qui sait ! peut-?tre vous arrivera-t-il la m?me bonne fortune qu'? madame de Rochefide. Allez !... j'?coute. Madame de la Baudraye lut ce qui suit. La sc?ne est rue de Chartres du Roule, dans un magnifique salon. L'un des auteurs les plus c?l?bres de ce temps est assis sur une causeuse aupr?s d'une tr?s-illustre marquise avec laquelle il est intime comme doit l'?tre un homme distingu? par une femme qui le garde pr?s d'elle, moins comme un pis-aller que comme un complaisant petito. ― H? ! bien, dit-elle, avez vous trouv? ces lettres dont vous me parliez hier, et sans lesquelles vous ne pouviez pas me raconter tout ce qui le concerne ? ― Je les ai ! ― Vous avez la parole, je vous ?coute comme un enfant ? qui sa m?re raconterait le Grand Serpentin vert...."