La Colonie Du Cap Sous La Domination Anglaise

Au si cle dernier la France jouissait, comme puissance colonisatrice, d'une consid ration qu'elle a perdue aujourd'hui. En Am rique Saint-Domingue et le Canada, l' le de France dans les mers de l'Afrique, dans l'Inde les conqu tes et les projets ambitieux de Dupleix, qui sembl rent un moment sur le point de se changer en une magnifique r alit , t moignaient hautement du g nie de la France, et montraient surtout avec quelle merveilleuse souplesse ce g nie savait se plier aux exigences les plus diverses de la nature et des climats, des races et des peuples r pandus dans toutes les parties du monde. C' tait alors un fait acquis pour nous et reconnu universellement. Les crivains du temps, Adam Smith leur t te, le constatent d'un consentement presque unanime. Aujourd'hui l'opinion a bien chang ; depuis notre grande r volution, poque dont nous exag rons singuli rement la gloire, et qui en d finitive a laiss la France, la France d'outre-mer surtout, moindre qu'elle n' tait avant 1789, nous passons, au contraire, pour tre les plus incapables de tous les colonisateurs. Cela est parfaitement accr dit , et l'entreprise que nous tentons en Alg rie semble avoir depuis vingt ans confirm ce jugement si s v re. Aux r sultats que nous avons d j obtenus, on oppose la grandeur des efforts que nous avons d faire, l' normit des sacrifices d'hommes et d'argent que nous a d j co t s cette dispendieuse conqu te, et, quand il s'agit de passer condamnation d finitive, on nous objecte, au point de vue moral surtout, les rigueurs du syst me de guerre que nous avons t forc s de suivre pour vaincre la r sistance de l'ennemi...