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Beskrivelse
L'opposition de l'Orient et de l'Occident, ramen e ses termes les plus simples, est au fond identique celle que l'on se pla t souvent tablir entre la contemplation et l'action. Nous nous sommes d j expliqu l -dessus en maintes occasions, et nous avons examin les diff rents points de vue o l'on peut se placer pour envisager les rapports de ces deux termes: sont-ce vraiment l deux contraires, ou ne seraient-ce pas plut t deux compl mentaires, ou bien encore n'y aurait-il pas, en r alit , entre l'un et l'autre une relation, non de coordination, mais de subordination ? Nous ne ferons donc ici que r sumer tr s rapidement ces consid rations, indispensables qui veut comprendre l'esprit de l'Orient en g n ral et celui de l'Inde en particulier.
Le point de vue qui consiste opposer purement et simplement l'une l'autre la contemplation et l'action est le plus ext rieur et le plus superficiel de tous. L'opposition existe bien dans les apparences, mais elle ne peut tre absolument irr ductible; d'ailleurs, on pourrait en dire autant pour tous les contraires, qui cessent d' tre tels d s qu'on s' l ve au-dessus d'un certain niveau, celui o leur opposition a toute sa r alit . Qui dit opposition ou contraste dit, par l m me, d sharmonie ou d s quilibre, c'est- -dire quelque chose qui ne peut exister que sous un point de vue particulier et limit ; dans l'ensemble des choses, l' quilibre est fait de la somme de tous les d s quilibres, et tous les d sordres partiels concourent bon gr mal gr l'ordre total.
En consid rant la contemplation et l'action comme compl mentaires, on se place un point de vue d j plus profond et plus vrai que le pr c dent, parce que l'opposition s'y trouve concili e et r solue, ses deux termes s' quilibrant en quelque sorte l'un par l'autre. Il s'agirait alors de deux l ments galement n cessaires qui se compl tent et s'appuient mutuellement, et qui constituent la double activit , int rieure et ext rieure, d'un seul et m me tre, que ce soit chaque homme pris en particulier ou l'humanit envisag e collectivement. Cette conception est assur ment plus harmonieuse et plus satisfaisante que la premi re; cependant, si l'on s'y tenait exclusivement, on serait tent , en vertu de la corr lation ainsi tablie, de placer sur le m me plan la contemplation et l'action, de sorte qu'il n'y aurait qu' s'efforcer de tenir autant que possible la balance gale entre elles, sans jamais poser la question d'une sup riorit quelconque de l'une par rapport l'autre. Or, en fait, cette question s'est toujours pos e, et, en ce qui concerne l'antith se de l'Orient et de l'Occident, nous pouvons dire qu'elle consiste pr cis ment en ce que l'Orient maintient la sup riorit de la contemplation, tandis que l'Occident, et sp cialement l'Occident moderne, affirme au contraire la sup riorit de l'action sur la contemplation.