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Beskrivelse
Extrait C' tait une admirable fin de septembre, mariant aux ardeurs plus exasp r es de l' t pr s de son d clin comme un savou-reux avant-go t des pl nitudes autom-nales. Les raisins achevaient de m rir; les derniers gerbiers rentr s, on se pr parait pour la vendange. Les p ches de plein vent, quand les gens passaient dans les vignes, semblaient faire expr s d'abaisser port e des l vres la caresse de leur chair tentante. L'air sentait une bonne odeur de pampre et de terre chauff e, et partout, sur les coteaux retentissants du coup de fusil des chasseurs, s'enten-dait, endormeur et m lancolique, le: Tu m'as bu mon vin de l'ortolan. Parmi tous les chasseurs sortis ce ma-tin-l de Rochegude, il en tait un qui, assur ment, pensait autre chose qu' chasser. Loin des chaumes et des cultures, l'arme rejet e sur l' paule et sans prendre garde aux supplications muettes de son chien, il allait droit devant lui travers la colline, broyant lavandes et cailloux sous les clous de ses forts souliers, presque aussi peu mu du brusque d part d'une compagnie de perdrix rouges que de la chanson des derni res cigales obstin es s' gosiller, malgr la moisson faite, de chaque c t du sentier, sur l' corce aride des rables-li ges. Et m me les cigales semblaient l'int -resser davantage. - C'est trange, se demandait-il: pour-quoi, chez les Grecs, honorait-on de l' pith te d'harmonieux cet insecte dont le vacarme ne me parut jamais aussi insupportable qu'aujourd'hui?... Les Ro-mains, eux, du moins, trouvaient la cigale enrou e: rauca cicada, dit Virgile. N anmoins, mieux couter, ce chas-seur vraiment fantaisiste observa que si, comme ex cutant isol , une seule cigale manque de charme, dix cigales, vingt, cent cigales, tout l'orchestre enfin des cigales "sonnant ensemble, produisaient, en effet, parmi les rocs br l s du soleil, les champs o le mirage ondoie, une caniculaire et discordante harmonie qui s'ac-cordait merveille avec les beaut s sp -ciales du paysage en cette saison. On le voit: malgr que les bosses de son chapeau mou, sa chaussure lourdement ferr e et son costume en grossi re toffe lui donnassent distance quelque peu l'aspect d'un braconnier campagnard, M. M d ric Mireur, gros gar on, r joui, d'allure un tantinet militaire, que les bonnes gens de Rochegude, non sans une nuance de respect, appelaient affectueu-sement M. M d ric, gardait dans l'esprit un certain reste de culture.