Desaugiers

" Voici un portrait qu'il ne m'appartenait pas de faire. J'avais eu d s longtemps l'id e que le plus gai, le plus franc, le plus copieux et le plus ample de nos chansonniers manquait en effet une s rie d j si longue de po tes, et qu'apr s tous ces l giaques, tous ces lyriques, tous ces sensibles et ces d licats presque tous m lancoliques et plaintifs, il fallait, lui aussi, l'introduire, d t-il venir un peu tard pour tre le boute-en-train de la bande. On avait insist aupr s de Charles Nodier, qui avait fort connu Desaugiers, pour qu'il retra t cette physionomie si vivante et rassembl t ce sujet ses souvenirs: les souvenirs, m me en se composant et se confondant un peu selon la fantaisie de Nodier, en s'entrem lant de quelques folles couleurs, n'eussent t ici qu'un charme de plus et une mani re non moins vive de ressemblance. Mais Nodier mourut avant d'avoir laiss chapper les pages riantes, et nous voil en demeure, nous po te autrefois intime, critique aujourd'hui tr s grave, de payer le tribut au plus joyeux et au plus bachique des chanteurs. N'importe, nous le ferons sans trop d'effort: la critique a pour devoir et pour plaisir de tout comprendre et de sentir chaque po te, ne f t-ce qu'un jour..."