de la Misère Païenne Et La Misère Chrétienne

" En suivant travers les si cles, sous l'empire des civilisations les plus diverses et des l gislations les plus contraires, les constantes angoisses de la douleur et de la faim, en voyant le grand fait de la mis re r sister tous les efforts, survivre toutes les r volutions, se reproduire aux jours de progr s comme aux temps de d cadence, on est invinciblement amen conclure qu'un tel fait n'est ni accidentel ni passager, et qu'il se rattache une loi fondamentale de la nature humaine. L'homme est condamn la souffrance aussi fatalement qu' la mort, et ne saurait s'assurer une existence sans douleur non plus qu'une vie immortelle. L'histoire de la mis re ne varie jamais que du plus au moins. Il est une sorte de minimum de souffrances et de privations auquel il est interdit aux soci t s d' chapper, quels que soient l'habilet de leurs gouvernements et l' clat ext rieur de leur fortune; il est galement un maximum de mis re qu'elles ne peuvent porter longtemps sans succomber et sans se dissoudre. C'est entre ces deux termes que se d battent depuis six mille ans toutes les g n rations qui ont pass sur la terre. Vanit des efforts tent s pour supprimer la pauvret , n cessit urgente de combattre l'indigence, lorsqu'elle passe l' tat chronique, sous peine de p rir bient t sous ses treintes, - telle est la grande r sultante de l'histoire des souffrances humaines..."