Couplées

Sans doute, n'y a-t-il pas quelque gr ce divine et quelque don po tique chez les maniaques, chez les optimistes? Am d e Paqueret avait vu s' vanouir deux fortunes entre ses mains, et dispara tre, apr s des s ries de d sastres inou s, ses deux magnifiques haras de Rochenoire et de Vouzy: la perte de ce dernier surtout, reconstitu patiemment, cheval par cheval, lui avait t cruelle; il s' tait entendu contester son z le et ses tats de service dans l' levage fran ais, sa m thode et jusqu' sa bonne foi sur les champs de courses; il avait inspir des inqui tudes son cercle et s' tait trouv presque r duit au suicide; mais rien n'avait jamais pu branler en lui la certitude de triompher un jour sur tous les hippodromes de Paris et de la province, ni celle de fonder le plus prosp re et le mieux am nag des haras. Et aujourd'hui que, gr ce au prestige et l'autorit de son nom, il avait su trouver les fonds n cessaires la cr ation de cette grande revue de sport intitul e La Race Pure, et de ce quotidien gros tirage que les camelots annoncent chaque soir dans les rues avec des hurlements affreux: le Pneu le Pneu ; aujourd'hui que l'une et l'autre avaient pleinement r ussi et lui allaient rapporter peut- tre une troisi me fortune, le chim rique Paqueret n'attendait encore qu'une occasion de racheter enfin la bonne poulini re dont il saurait tirer cette fois, comme Perrette du pot au lait, petits poulains au pr , cracks invincibles et gloire immortelle...