Contes Misanthropiques

Contes misanthropiques

(S. Henry BERTHOUD, 1831)

crivain, journaliste, vulgarisateur scientifique et directeur du Mercure de France, Berthoud a beaucoup crit pour la jeunesse. Mais son oeuvre est aussi consid rable que ses passions furent diverses.

Avec ses contes misanthropiques, que n'eut pas reni s Hoffman, il s'adresse ceux qui, comme lui, portent un regard d sabus sur notre condition et nos penchants les plus vils. Mais l o , chez Hoffman, le fantastique venait amoindrir la vilenie de l'Homme, Berthoud ne laisse transpara tre que la noirceur de son me et le tragique de la destin e. Extrait du texte original

Le vieillard voulut r sister: une terrible main, que la rage faisait trembler, treignit sa main d bile; le bout froid d'un pistolet vint se poser sur son front: il tressaillit et disparut.

Quand elle reprit connaissance, elle se trouva seule avec celui qu'elle avait outrag .

Debout et les bras crois s, il attendait son r veil dans un calme plus effrayant cent fois que les plus effrayants clats de col re.

Il tira sa montre, la pr senta Maria, et lui dit: Prenez.

Elle d tourna la t te et refusa.

Prenez, r p ta-t-il d'une voix basse et creuse; prenez: c'est le seul bien qui me reste; c'est le prix de la nuit que je vais passer avec vous. Prenez: c'est mon dernier pr sent; prenez, je le veux

Elle aurait voulu ne pas ob ir, mais elle ne put se soustraire l'influence de cette voix sombre: subjugu e, elle prit la montre.