Bergson et le judaïsme

" ? une ?poque o? la production scientifique et litt?raire est si abondante, il est rare cependant que l'on puisse dire d'un livre qu'il constitue un ?v?nement dans le domaine de la pens?e et qu'il r?pond, non pas ? la curiosit? du moment, aux pr?occupations d'une ?poque, mais aux aspirations les plus hautes et les plus permanentes de l'esprit humain. Or c'est pr?cis?ment ce que l'on peut affirmer sans exag?ration du r?cent ouvrage du philosophe Bergson Les deux sources de la morale et de la religion; il est appel? ? prendre rang parmi les oeuvres de valeur sup?rieure qui demeureront toujours des sources de lumi?re pour l'?me avide de v?rit?. Ce livre constitue d?j? en lui-m?me un magnifique triomphe de l'esprit sur la mati?re, puisque sa composition s'est poursuivie et achev?e dans les conditions physiques les plus p?nibles pour l'auteur. N'y cherchez point une orientation inattendue, l'expression sensationnelle d'un syst?me nouveau et curieux; il est le majestueux aboutissement d'une ?volution continue et toujours fid?le ? elle-m?me, la synth?se harmonieuse des pr?c?dents travaux de l'?crivain, le monument d?finitif ? l'?dification duquel ses autres ?tudes ont apport? pi?ce ? pi?ce les substantiels mat?riaux. Il est beau de voir une pens?e atteindre ainsi, sans heurt ni solution de continuit?, son parfait ?panouissement et se livrer tout enti?re, dans le calme d'une noble conscience, avec l'unique souci de servir la v?rit?. Que les orthodoxies de droite ou de gauche se troublent, s'irritent et discutent, parce que les conclusions ne cadrent pas toutes avec leurs propres d?finitions, que les critiques au service d'un mat?rialisme pr?tendu scientifique, d?sormais bien d?consid?r?, s'essaient ? fourbir leurs vieilles armes, la construction de Bergson est d'un pur m?tal qu'il ne sera pas ais? d'entamer. "