Les grands auteurs gabonais n°3

EDITORIAL

Entre notori?t?, ?thique et po?tique, Maurice Okoumba-Nkogh? occupe dans la litt?rature gabonaise, l'une des positions les plus ?minentes. Par sa long?vit? d'abord, depuis quarante-deux ans. En effet, son premier texte date de 1979. Ensuite, par la densit? esth?tique et la port?e th?matique de son oeuvre prot?iforme. A la fois po?te, romancier et nouvelliste, l'?crivain gabonais ne cesse inlassablement de donner ? voir un monde par les mots comme le disait un de ses pairs Laurent Owondo. Il fait partie du paysage scriptural national et l'a si profond?ment marqu? qu'il en est devenu un vrai patrimoine. Quel est en effet, le lecteur endog?ne pass? par le syst?me scolaire local qui n'a jamais lu Maurice Okoumba-Nkogh? ? Tr?s peu de lecteurs pourraient r?pondre de mani?re n?gative tant l'auteur s'est install? dans les consciences des lecteurs gabonais. Nous en voulons pour preuve, l'abondante litt?rature critique endog?ne qui lui est consacr?e si on songe aux travaux sp?cifiques que sont ceux de Patrice Gahungu (2003) et plus r?cemment de Steeve Robert Renombo et Didier Taba Odounga (2019). La probl?matique g?n?rale de ces r?flexions consiste syst?matiquement ? interroger l'oeuvre de l'auteur sous l'angle d'une po?tique arrim?e ? la mimesis. Cette posture analytique laisse clairement percevoir le parti pris d'un ?crivain dont l'ambition est de d?peindre des univers probl?matiques qui, dans le fond, r?verb?rent les espaces sociohistoriques dans lesquels se meuvent les sujets africains. D'un point de vue statistique, l'ensemble des r?flexions critiques de ces derni?res ann?es sur Maurice Okoumba-Nkogh? indique clairement que la tendance qui consistait ? le marginaliser s'est compl?tement invers?e. Si au niveau national, la question sur son impact dans la litt?rature gabonaise n'est plus un objet de d?bats, les choses sont d'un tout autre ordre sur le plan continental. Except? le Cameroun, pays dans lequel il publie r?guli?rement, il semble que la notori?t? du Gabonais ne soit pas encore totalement assur?e malgr? sa pr?sence continue sur la grande sc?ne litt?raire africaine. C'est pourquoi, l'un des objectifs de ce troisi?me num?ro de la revue Les Grands Auteurs Gabonais, conform?ment ? l'esprit ?ditorial de d?part, est d'apporter ? travers l'exploration de son oeuvre, une plus grande amplitude ? la saisie s?mantique de sa geste po?tique. Et ceci, afin de permettre aux lecteurs, aux sp?cialistes africains et du monde d'avoir les contours d'une oeuvre singuli?re et atypique par la puissance ?vocatrice d'une ?criture incisive toujours au service de la communaut? dans un souci permanent de r?-invention du lien social. Cette ?criture assume par sa posture polys?mique, les probl?matiques li?es ? la vision kal?idoscopique d'une spatialit? ?coum?nale dans laquelle les formes esth?tiques trouvent leur vigueur, comme dirait le critique Fr?deric Mambenga Ylagou. Dans cette perspective, on saisit mieux la pertinence d'une subdivision du pr?sent ouvrage en trois grandes scansions. La premi?re, Figuration auctoriale, propose une r?flexivit? sp?cifique sur la place occup?e par l'?crivain dans le champ litt?raire gabonais, en interrogeant notamment la sociabilit? de la litt?rature ? travers les codes de la r?f?rentialit? et les cat?gories g?n?riques de l'esth?tique endog?ne. La seconde scansion Sexualit?, ?thique et ?criture scrute les textes de l'auteur, au prisme de son investissement symbolique dans les pr?occupations de son ?poque et les r?servoirs s?miologiques en vogue. ? dire vrai, cette deuxi?me inflexion met en relief un ?crivain particuli?rement r?ceptif aux probl?matiques contemporaines qui engagent l'existence d'une communaut? africaine postcoloniale aux prises avec les oxymores li?s au vivre-ensemble. Enfin, la troisi?me inflexion Questions po?tiqu